Où manger chinois à Marseille

lilin

5/5

Le restaurant chinois emblématique de la cité phocéenne est le Mandarin, installé depuis 1948 sur le Cours Jean Ballard, au premier étage. Il n’y avait pas grand nombre d’Asiatiques dans la ville à l’époque, encore moins de Chinois continentaux, les natifs de l’Empire céleste n’avaient pas encore décidé de conquérir, boutique après boutique, les petites rues qui se jettent dans le Cours Belsunce. Vous sonnez, vous montez une volée de marches, et une très grande salle aux allures de mess ou de cantine vous attend en haut à gauche. Il n’est pas rare d’y trouver attablés autour de larges tables rondes où les mets s’empilent — la carte est très fournie, chacun y trouve son bonheur — des Chinois de passage, débarqués quelques heures auparavant de l’un ou l’autre des paquebots qui déversent désormais chaque jour un flot continu de touristes. Les visiteurs chinois se repassent l’un l’autre l’adresse du Mandarin, ce qui en soi est gage d’une nourriture variée, susceptible de plaire aux divers concitoyens de Xi Jinping.

Car la cuisine chinoise est extraordinairement variée. Nous n’en connaissons, trop souvent, que la variante épicée qui se pratique dans le Sichuan (nord-ouest de la Chine). Mais elle couvre tout le spectre des variations culinaires, depuis la sensation impalpable jusqu’au déferlement violent de piments. Mais si vous voulez déguster une cuisine chinoise de terroir, exceptionnellement brillante, il y a Lilin — au 22 rue Sainte.

une spécialité,
les raviolis

Li, c’est lui, et Lin, c’est elle. Lui est aux fourneaux, elle sert en salle — et sur la rue, durant les soirées chaudes. Tous deux sont originaires de Tienjin (ou Tianjin, ou Tientsin), une minuscule bourgade de 14 millions d’habitants qui fait office de port de Pékin, sur le golfe de Bohai. C’est aujourd’hui une ville à l’économie très diversifiée, mais qui fut longtemps un important centre agricole de céréales -riz, blé et maïs. Et c’est bien tout ce qui nous importe : la spécialité de Tienjin, ce sont les raviolis.
manger des raviolis chinois a marseille

Je vous entends déjà grommeler : « Question raviolis, je fréquente la Maison des raviolis, au 14 rue d’Italie » — une minuscule cantine populaire où l’on vous sert des assortiments très variés de raviolis salés ou sucrés, bouillis ou grillés. Certes — mais les dix tables du lieu sont vite pleines, à midi surtout où nombre d’employés de la Préfecture s’y pressent. À tel point que souvent, les gens viennent y chercher des commandes qu’ils dévorent au bureau. La boutique est sans cesse traversée de Marseillais affamés, c’est sympa mais peu propice aux confidences derrière ses baguettes… Et Lilin, c’est le créneau au-dessus, en matière culinaire.

Je disais : raviolis. Outre les traditionnels Ha Kao ou Shao mai aux crevettes, essayez les Xiao long bao au porc (bouillis) oui, en version sauté, les Shen jian bao. Pensez à engloutir le ravioli d’un coup (attention, c’est chaud !), et laissez-le éclater en sensations juteuses dans votre bouche. Une expérience unique.

Outre le poulet « Gong Bao » façon Si Chuan ou les crevettes à la sauce Yu Xiang, tout aussi revigorantes, je ne saurais trop conseiller le canard laqué à la pékinoise, accompagné d’une sauce en réduction d’un goût faramineux.

Bien sûr, à midi particulièrement, vous pouvez vous contenter d’un plat (fort copieux) de nouilles sautées au wok. Si vous voulez varier, Li propose aussi quelques plats japonais servis en bowls. Et même des spécialités vietnamiennes, nems ou rouleaux de saison. Ils sont trop forts, ces Chinois, ils s’adaptent à chaque instant, c’est Darwin ressuscité. Quant au dessert, aucune hésitation : les raviolis sucrés sont un délice. À condition d’avoir encore un petit creux, ce qui n’est pas évident. « Un petit coin de Chine pour un coin de paradis », a dit la Provence — et dans un grand élan d’objectivité confraternelle, j’approuve complètement la formule.

Jean-Paul Brighelli
Critique Culinaire Marseillais

Lilin

également cités ...
Le Mandarin
La Maison des raviolis

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Né à Marseille, j’y ai passé une grande partie de ma vie. Je connais l’essentiel des bonnes tables de Marseille et de sa région. Cinquante ans de vadrouilles culinaires me permettent aujourd’hui d’avoir un regard d’ensemble sur ce qui se fait ici de meilleur et de pire. Sans concessions aux modes ni aux réputations locales, trop souvent usurpées. Amis gastronomes, ce site est le vôtre !

Jean-Paul Brighelli
Critique Culinaire Marseillais

Copyright © 2023 MANGER À MARSEILLE

Retour en haut