Le Relais Cézanne
D’accord, il faut sortir de Marseille, se rendre à Aix, et emprunter la « route Cézanne », qui en six petits kilomètres vous mène au Tholonet. Mais croyez-moi, c’est un détour qui vaut la peine.
À ce propos… La « route Cézanne » est celle qu’empruntait le peintre lorsqu’il se rendait à la Sainte-Victoire, pour peindre inlassablement les flancs de la plus belle montagne de Provence. À la sortie du Tholonet se dresse d’ailleurs le « moulin Cézanne » — souvenir d’une époque révolue où l’on cultivait partout du blé pour faire du pain. André Malraux, à qui rien de ce qui est artistique n’était étranger, avait fait dès 1959 classer la route, qui parcourt toute en paresse sur cinq petits kilomètres des pinèdes inviolées. Ce fut même la seule route inscrite aux Monuments historiques. Par un tour de passe-passe de mauvais augure, la route a été déclassée en 2016, à l’occasion d’un « toilettage » aussi inopportun qu’inquiétant : le PLU de la commune serait bien suffisant pour protéger le paysage — mais pourquoi le déclasser ? Quel baron local a de mauvaises intentions immobilières sur ce site exceptionnel ?
Quoi qu’il en soit, après vous être garé sous les immenses platanes à l’entrée de la commune, vous faites encore quelques pas. Le Relais est directement sur la route — le corps du bâtiment à droite, la terrasse ombragée à gauche.
Déjeuner au calme
Nombreux sont les Aixois qui s’échappent une heure entre midi et deux pour venir déjeuner au calme — et il n’est pas inutile de réserver, d’autant que ces habitudes laborieuses font que les tables sont occupées très tôt. Ils viennent prendre l’une ou l’autre des Grandes salades (Burrata, Cézanne, César) qui suffisent amplement à un homme pressé et gourmand à la fois. Ou l’une ou l’autre des Planches à partager, superbement copieuses : foccacia du Relais, planche du chef (à tonalité truffée), assortiment de charcuteries, antipasti de légumes grillés pour les végétariens. Ou une pizza de bonne taille.

Mais vous pouvez aussi vous offrir un repas complet, en commençant par des hors d’œuvres rituels (ah, l’œuf mimosa à la truffe et au jambon blanc truffé ! Ah, le carpaccio de saumon — fourni par Caviar Kaspia, la maison de la Place de la Madeleine à Paris). Suivra, au choix, le paleron de bœuf braisé, mijoté durant cinq heures dans un jus truffé, ou un duo d’agneau — épaule de cuisson lente et côtelettes — un agneau de bergerie fourni par Hervé Sancho, de Bagnères-de-Bigorre (si vous passez en ce pied des Pyrénées, n’hésitez pas, mangez au Jardin des Brouches), et Jean-Christophe Duran, de Tournay. Ou, plus consistant, une côte de bœuf Tomahawk grillée — 1,2 kg de viande juteuse à souhait accompagnée de frites maison. Voire une épaule d’agneau pour deux…
Le service est rapide et précis — même si la serveuse est parfois inutilement bavarde. Les vins sont locaux, tous en biodynamie, et ne font pas abusivement la culbute : le Château Henri Bonnaud La Palette, par exemple, vendu 25,90€ départ cave, est proposé au tarif très raisonnable de 42€ — et c’est un vrai vin gouleyant, tout en finesse et profondeur.
Le Relais Cézanne
- Route Cézanne 13100 Le Tholonet
- 04 42 66 91 91
- www.relais-cezanne.com
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De 25 à 100€ selon appétit
et choix des vins